
Après un an à la tête du Sénégal, le duo Bassirou Diomaye Faye – Ousmane Sonko affiche un bilan globalement positif, marqué par des avancées notables mais aussi des défis persistants. Sur les plans politique, économique et social, leur gouvernance a été marquée par une volonté de rupture avec l’ancien régime, tout en devant composer avec des réalités institutionnelles, financières et sociétales complexes.1. Plan politique : Une refondation engagée mais confrontée à des résistancesRéformes institutionnelles et consolidation démocratiqueRestauration de l’État de droit : Dès son investiture, le président Faye a prôné une gouvernance plus transparente et équitable, avec des mesures pour garantir l’indépendance de la justice et réduire l’impunité.Suppression de certaines institutions jugées budgétivores : La suppression du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) et du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) a été un signal fort pour rationaliser les dépenses publiques.Projet de réforme de la Constitution : Un débat a été lancé pour revoir certains aspects du régime présidentiel et renforcer le pouvoir parlementaire, une réforme qui suscite de vifs débats politiques.Coexistence avec une opposition active : Malgré une majorité relative à l’Assemblée nationale, le régime doit composer avec une opposition qui conteste certains choix et réclame plus de concertation.Politique étrangère et souveraineté nationaleRepositionnement diplomatique : Le Sénégal a adopté une posture plus affirmée, notamment en plaidant pour une réforme du multilatéralisme lors du Sommet de l’ONU.Renforcement de la coopération avec les pays africains : Un rapprochement stratégique a été opéré avec le Mali, le Burkina Faso et le Niger, marquant une volonté d’intégration africaine plus autonome.Gestion des relations avec la France : Le régime a engagé un réexamen des accords militaires et économiques avec l’ancienne puissance coloniale, ce qui suscite des tensions mais aussi des soutiens dans l’opinion publique.2. Plan économique : Entre souveraineté et contraintes budgétairesRéformes économiques et finances publiquesRenégociation des contrats pétroliers, gaziers et miniers : L’un des engagements phares du régime a été d’obtenir des conditions plus favorables pour le Sénégal. Toutefois, les négociations sont encore en cours et la pression des multinationales demeure forte.Baisse du train de vie de l’État : La réduction des privilèges de certains hauts fonctionnaires et la suppression de dépenses non essentielles ont permis des économies, mais les attentes en matière de redistribution restent fortes.Maîtrise de la dette publique : Face aux défis budgétaires, le gouvernement a tenté d’adopter une approche plus rigoureuse pour éviter un endettement excessif, notamment en réduisant la dépendance aux emprunts internationaux.Lutte contre la vie chère :Stabilisation des prix des produits de première nécessité (riz, huile, sucre) via des subventions ciblées.Réduction des coûts de l’électricité, bien que l’impact réel sur la population reste encore limité.Emploi et soutien à l’entrepreneuriatProgramme « Un jeune, un emploi » : Un projet ambitieux visant à favoriser l’insertion des jeunes dans le marché du travail, bien que son financement et son efficacité soient encore en débat.Soutien aux PME et à l’économie locale :Création de nouveaux mécanismes de financement pour les entrepreneurs locaux.Renforcement de l’agro-industrie pour réduire la dépendance alimentaire du pays.3. Plan social : Un engagement en faveur des couches vulnérablesÉducation et formation professionnelleValorisation de l’enseignement technique et professionnel : Une politique axée sur l’adéquation formation-emploi a été lancée, avec la réhabilitation de plusieurs centres de formation.Réformes dans l’éducation :Revalorisation du statut des enseignants avec une hausse des salaires et de meilleures conditions de travail.Révision des curricula pour intégrer davantage les compétences pratiques et numériques.Santé et protection socialeRenforcement de la Couverture Maladie Universelle (CMU) : Extension du programme pour toucher davantage de bénéficiaires parmi les populations vulnérables.Amélioration des infrastructures sanitaires : De nouveaux centres de santé ont été inaugurés, notamment en milieu rural.Priorité à la nutrition et à la santé maternelle : Un accent particulier a été mis sur les 1 000 premiers jours de l’enfant, avec des politiques nutritionnelles renforcées pour les femmes enceintes et les jeunes enfants.Logement et lutte contre la précaritéDébut d’un programme de logements sociaux : Une initiative a été lancée pour faciliter l’accès à des logements décents pour les ménages à faibles revenus.Lutte contre l’urbanisation anarchique : Des efforts ont été faits pour régulariser certaines zones d’habitat précaire, notamment à Dakar et dans les banlieues.4. Défis et perspectivesMalgré ce bilan encourageant, plusieurs défis majeurs restent à relever :1. Rassurer les investisseurs sans renier la souveraineté économiqueLa renégociation des contrats extractifs doit se faire sans décourager les investissements étrangers, une équation délicate à résoudre.Il faudra garantir un climat des affaires stable et attractif, tout en maintenant les ambitions souverainistes.2. Répondre aux attentes sociales pressantesLa population attend des résultats concrets et rapides en matière d’emploi, de pouvoir d’achat et de services publics.L’opposition et la société civile exercent une pression constante pour accélérer la mise en œuvre des réformes.3. Maintenir l’équilibre politique et institutionnelAvec une majorité relative à l’Assemblée nationale, la stabilité politique dépendra de la capacité du régime à négocier avec les autres forces politiques.La réforme constitutionnelle annoncée devra être bien menée pour éviter des tensions institutionnelles. Un début prometteur mais sous haute surveillanceLe premier anniversaire du magistère de Diomaye Faye et Ousmane Sonko marque une rupture assumée avec l’ancien régime, avec des avancées notables sur la souveraineté économique, la justice sociale et la réforme institutionnelle. Toutefois, les résultats concrets doivent encore être consolidés, et la gestion des attentes populaires sera le principal défi de la suite du mandat.Si cette première année a été celle des fondations, la seconde devra être celle des réalisations visibles pour éviter les désillusions et assurer la réussite du projet de transformation du Sénégal.
Alioune Ndiaye Expert en développement international Écrivain Militant de la Transformation Nationale
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