Pourquoi le PROJET risque d’être miné par le SYSTÈME ?

1. Le casting parfois biaisé dans les nominations
   Une nouvelle équipe au pouvoir doit s’appuyer sur des compétences fiables, mais si les choix sont guidés par des critères partisans ou clientélistes, cela peut nuire à l’efficacité de l’action publique.
   Le risque est double : d’une part, nommer des personnes peu compétentes qui ne comprennent pas la vision du PROJET ; d’autre part, maintenir ou intégrer des acteurs opportunistes qui n’adhèrent pas sincèrement aux réformes.
2. La présence d’administrateurs issus de l’ancien régime.
   L’administration fonctionne sur des codes et des habitudes bien ancrés. Si des cadres restent en place alors qu’ils sont idéologiquement opposés au PROJET, ils peuvent freiner son application par inertie ou sabotage passif.
   Certains peuvent aussi se livrer à des fuites d’informations ou à un double jeu pour maintenir des intérêts acquis.
3. L’inertie des organes de contrôle des médias
   Les médias façonnent l’opinion publique. Si les organes de régulation laissent passer des discours de désinformation ou de déstabilisation, cela peut créer un climat de confusion et fragiliser le pouvoir en place.
   La persistance de certains relais médiatiques acquis à l’ancien régime peut aussi influer sur la perception du PROJET par la population.
4. La culture du « Système » et la résistance au changement
   Le Sénégal, comme beaucoup d’États africains, a hérité d’une culture bureaucratique où le changement est souvent perçu comme une menace plutôt qu’une opportunité.
   Des réflexes de corruption, de lenteur administrative et de clientélisme peuvent bloquer les réformes, même avec une volonté politique forte.
   Les résistances ne viennent pas uniquement de l’élite administrative mais aussi de certains groupes d’intérêts (grands patrons, syndicats, leaders religieux) qui peuvent freiner des réformes jugées contraires à leurs intérêts.
5. Les contraintes juridiques et institutionnelles
   Modifier l’architecture institutionnelle d’un pays prend du temps, notamment si des verrous constitutionnels ou législatifs empêchent la mise en œuvre rapide des réformes.

Le risque est que le PROJET se dilue dans les lenteurs administratives et les compromis politiques.
6.L’internationalisation du SYSTÈME
Le Sénégal dépend de nombreux partenaires internationaux (FMI, Banque mondiale, Union européenne, etc.) qui influencent ses politiques publiques.
Si le PROJET cherche à rompre avec certaines pratiques antérieures, il peut se heurter à des pressions externes qui limitent la marge de manœuvre du gouvernement.
Que faire pour éviter cet enlisement ?
Un audit rapide et une purge stratégique des administrations-clés pour identifier les foyers de résistance et mettre en place une équipe engagée.
Un mécanisme de suivi et d’évaluation strict pour garantir que les réformes sont réellement appliquées sur le terrain.
Une réforme des médias et des organes de contrôle pour encadrer les discours et éviter la manipulation de l’opinion publique.
Un travail de sensibilisation et de pédagogie pour rallier la population et les fonctionnaires au PROJET, en leur montrant les bénéfices concrets du changement.
Si ces précautions ne sont pas prises, le risque est que le PROJET ne soit qu’un slogan, incapable de s’imposer face aux vieilles pratiques du SYSTÈME.

Papis Samba Dabakh CISSE, Juriste Conseil d’entreprises et d’affaires.